Il est difficile d'ignorer le terreau esthétique et visuel dans lequel le Jardin des supplices a été conçu. Mirbeau formule une quintessence de l'Art 1900, son chant le plus extrême. L'allusion végétale, même dans la première partie, imprègne tout... Ces déliés de la tige anticipent sur les relevés de Blossfeldt, on songe aussi au sort scatologique et sexuel que Dali réservât à l'art nouille, aux visions délétères de Lavirotte ou Guimard, pétrifiées, verdâtres, chantres d'abord d'un art naissant, surgissant, puis du pourrissement...
A l'opposé des arts plastiques et de l'architecture, la Loïe Füller et ses nombreux avatars réhabilitent, via la gourmande curiosité qui anime les pionniers du cinématographe, la part lumineuse de l'esthétique fin de siècle, les mythes de l'éclosion, de la germination, où la féminité bien qu'hybride lépidoptère ou éphémère coquelicot, se révèle fraîche, frémissante et colorée... (EV)