A bord du Saghalien, le narrateur révèle à Clara qu’il est un imposteur. Ces aveux ont lieu devant une nuée de méduses, alors que le voyage touche bientôt à son terme. Mirbeau, qui n’est rien moins qu’innocent, amène volontairement et symboliquement ces créatures translucides et gélatineuses. Tout d’abord, l’analogie entre cet animal et les formes végétales n’est pas anodine. La méduse aquatique (par distinction avec la Méduse mythologique) offre des protubérances proches de la racine, un corps qui , par sa couleur, son éventuel chatoiement et sa forme pleine, rappelle la fleur.
La méduse apporte aussi au romancier une image intermédiaire entre l’élément aquatique et la prochaine hégémonie végétale. Ce n’est pas tant, dans ce contexte, l’être unique qui l’intéresse, mais l’idée de prolifération.
Fin connaisseur des arts plastiques, Mirbeau n’ignore pas tous les prolongements que la créature tant biologique que mythique inspire aux dessinateurs, peintres et sculpteurs de son temps. L’art décadent y voit une figure organique, thème fondamental des architectes et décorateurs 1900, une alliance équivoque du végétal et de l’animal mais aussi une chose muée en idéal dynamique, une plante douée de mouvement, la floralité sans la fixité, un nymphéa marin dotée d’animalité, de réactivité.
Par ironie aussi, le romancier fait endosser à son narrateur sans nom la fausse profession d’embryologiste, évoquant là encore une obsession des artistes et penseurs de ce temps, le développement, l’épanouissement comblé ou contrarié des formes. (EV)
Claude HERTZFELD a consacré trois études à la méduse dans l'œuvre de Mirbeau. Ces articles peuvent être téléchargés sur le site de la Société Octave Mirbeau: Sous le signe de Méduse, Méduse et les Grimaces, L'Ouest méduséen des nouvelles d'Octave Mirbeau.
La méduse apporte aussi au romancier une image intermédiaire entre l’élément aquatique et la prochaine hégémonie végétale. Ce n’est pas tant, dans ce contexte, l’être unique qui l’intéresse, mais l’idée de prolifération.
Fin connaisseur des arts plastiques, Mirbeau n’ignore pas tous les prolongements que la créature tant biologique que mythique inspire aux dessinateurs, peintres et sculpteurs de son temps. L’art décadent y voit une figure organique, thème fondamental des architectes et décorateurs 1900, une alliance équivoque du végétal et de l’animal mais aussi une chose muée en idéal dynamique, une plante douée de mouvement, la floralité sans la fixité, un nymphéa marin dotée d’animalité, de réactivité.
Par ironie aussi, le romancier fait endosser à son narrateur sans nom la fausse profession d’embryologiste, évoquant là encore une obsession des artistes et penseurs de ce temps, le développement, l’épanouissement comblé ou contrarié des formes. (EV)
Claude HERTZFELD a consacré trois études à la méduse dans l'œuvre de Mirbeau. Ces articles peuvent être téléchargés sur le site de la Société Octave Mirbeau: Sous le signe de Méduse, Méduse et les Grimaces, L'Ouest méduséen des nouvelles d'Octave Mirbeau.