8 mai 2009

Instruments orientaux

J’ai commencé la composition de l’Acte III : le Jardin .
Nous sommes au cœur même du roman : après avoir visité le Bagne (acte II), Clara, tantôt virevoltante, tantôt grave montre, explique les supplices au Narrateur dans un morbide délire érotique de plus en plus envahissant.
Déjà à la lecture du roman, les sons d’instruments à percussions métalliques, orientaux, se sont imposés à moi. Orientalisme, peut-être : les entrelacs métaphoriques du roman de Mirbeau se passent en Chine. Mais de Aven (1972) et Félix (Festival de Strasbourg, 1973) à Stèles (2008) ces percussions orientales font partie de l’instrumentarium de mes compositions. L’aspect « oriental » y apparait en filigrane. Il est occulté, oublié, puis apparaît à nouveau.
L’attitude rituelle des musiciens traditionnels de l’Orient m’a toujours impressionné.
Leur mode de jeu réglé, ces sonorités n’ouvrent pas la porte aux affects à l’occidentale.
Au plus pouvons-nous y percevoir un paroxysme froid.
Lors d’une tournée (1971) avec les Percussions de Strasbourg en Extrême-Orient, j’ai eu le privilège d’écouter ces musiques. De les regarder. Et de rapporter, dans mes bagages, un kulingtang une espèce de gamelan philippin.
Les luxuriantes vibrations des kulingtang, gamelan, cymbales chinoises, gongs d’opéra chinois, bols rins -« dans leur jus » puis retravaillées numériquement- évoquent la richesse de la végétation du jardin et la montée du désir érotique et mortifère de Clara.
Détlef Kieffer