23 mai 2009

Méduse(s) /4/

Une appréhension corporelle : la vulve et la bouche
La gorgone évoque aussi un rire libérateur, ou le cri que d’aucuns reconnaissent dans la figure androgyne de l’œuvre éponyme d’Edvard Munch* ainsi que le sexe féminin, œil vertical, béance sans pupille, ou l’organe visuel rapporté à ses connotations sexuelles, à la pulsion scopique… Gorgo enfante Pégase par le col, accentuant en cela la confusion entre orifices vaginal et buccal.

Par extension, le corps visqueux, semi aquatique de la méduse, constitue plutôt une négation de la matérialité sensuelle. Mirbeau ne cesse de mettre en scène des situations, des décors et des contextes ambivalents, aux portées contradictoires comme le titre même de son roman : c’est devant ce spectacle, ce grouillement floral et monstrueux, cette image portée par l’eau-écran que le narrateur noue son destin à celui de Clara, là que l’accomplissement, au sens klimtien du terme, semble se produire … La Chine fantasmée de Mirbeau suscite ce sentiment d’étrangeté, d’altérité, dont le parterre méduséen serait l’antichambre. (EV)
* Ce peintre a d’ailleurs multiplié les têtes isolées du corps, fragment pris dans une gangue d’une autre nature que physiologique. Nous y reviendrons.