2 mai 2009

Montages plastiques

Il est assez aisé, dans l'exégèse, de ramener le Jardin des supplices aux moyens de sa conception, qui relèvent du collage d'articles indépendants. Il en résulte un art de la confrontation des tons, des ambiances, des lieux, de l'antre cossue d'un écrivain français au bagne, du cabinet d'un ministre marron à une maison des plaisirs, du carcéral au voyage maritime.
L'ouvrage expose ainsi des situations et des sentiments extrêmes, déformés dans ce monde parallèle, comme triturés, amplifiés, malaxés, entamés. Les corps suppliciés évoquent au lecteur contemporain le corps même du roman.
La démarche de Mirbeau s'apparente autant à une position philosophique sur le couple, le meurtre, les pulsions qui nous animent qu'à la description autarcique et complaisante des fantasmes. L'auteur confronte, parfois d'une manière abrupte_ ce qui contribue à la force étrange du livre_, des propos descriptifs, des tentatives discursives motivées à l'expression la plus intime et subjective.

A cette place, vous découvrirez des juxtapositions qui, à terme, retraceront le cours du roman; cet essai de narration plastique accompagne la vidéo, parfois la précède, à la fois esquisses préparatoires et prolongements.
Les contraintes sont simples: peintures et collages sur deux carrés de 20 cm servant de modules, ces derniers pouvant être partitionnés au gré des besoins. Le travail s'accomplit sans souci de chronologie. Le montage postérieur tente d'élaborer le récit, de recomposer le flux puissant, mais ouvertement hétérogène, du livre. (EV)