À propos d’Un chien andalou et de sa célèbre scène au rasoir, Bataille écrit : (...) comment ne pas voir à quel point l’horreur devient fascinante_ et aussi qu’elle est seule assez brutale pour briser ce qui étouffe*.
L’horreur, relatée ici dans une dimension esthétique, s’impose en force libératrice de tabous et de frustrations, tel un remède intempestif à l’hypocrisie sociale. C’est ainsi que Clara l’explique au narrateur. Peut-être objectera-t-on à Clara que le pittoresque exotique altère ses sens, et que cette violence exposée montre au contraire les contraintes politiques et sociales, que seules ses habitudes d’occidentale privilégiée lui permettent de goûter au spectacle dans lequel elle n’est pas impliquée, où les tourmenteurs et torturés mettent en scène, vivent ou subissent ses fantasmes.
On peut aussi incarner Clara en Bataille et vice-versa, considérer avec la même sidération la fascination de Clara et celle qu’éprouve Bataille aux vues séquencées du Supplice des cent morceaux**.
* Extrait de Documents n°4, 1929. Cité par François Albéra, l’Avant-garde au cinéma, 2005, Armand Colin, p.105
** Dans les Larmes d’Eros. Nous y reviendrons.