Baudelaire : « Une Charogne » ( Les Fleurs du mal)
[…]
Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
[…]
Mirbeau , description du poète (ou la Face), forçat encagé dans le Bagne (Le Jardin des supplices) :
Pâle, décharnée, sabrée de rictus squelettaires, les pommettes crevant la peau mangée de gangrène, la mâchoire à nu sous le retroussis trémescent des lèvres, une face était collée contre les barreaux, où deux mains longues, osseuses et pareilles à des pattes sèches d’oiseaux s’agrippaient. […] une face pâle, décharnée et toute sanglante était collée derrière les barreaux et nous regardait fixement, presque orgueilleusement… Un lambeau de viande coulait de ses lèvres, parmi des filaments de bave pourprée.
Kinda MUBAIDEEN
*Voir également l'étude de Fabien Sola sur le site de la Société Mirbeau.