Un instrumentarium classique est mis à contribution : violon, flûte à bec, clarinette, cymbalum et lors de leur pérégrination dans le « Jardin » au 3ième acte, Clara et le narrateur sont accompagnés par des instruments extra-européens : le kulingtang philippin, le gamelan balinais, les gongs d’opéra chinois, les cloches de temple japonais. Comme dans d’autres œuvres précédentes, des citations (Wagner et Debussy -que Mirbeau aimait tant-, mais aussi Purcell) de mes propres compositions (4ième et 5ième symphonies et surtout « Stèles » -sur Segalen-) sont intégrées, absorbées par le texte musical du « Jardin » comme une phagie.
La réalisation de cet opéra –destiné à être regardé chez soi, ou à être projeté en salle- est singulière : la librettiste Kinda Mubaideen, le vidéaste Erik Viaddeff et… le compositeur prennent tour à tour l’initiative de la progression de la démarche artistique. Le décor est parfois planté avant la composition de la musique, ou l’inverse. Artaud évoquait une « réalité virtuelle » dans « le théâtre alchimique » : notre opéra est une création virtuelle, numérique certes, mais surtout de chair et de sang.
Détlef Kieffer