Avec Les Chambres d'amour, absences imprégnées de sensualité, véritables poèmes visuels qui exaltent le pouvoir de l'image, le photographe Bernard Faucon suggère le corps sans le convoquer, met en scène le désir par le manque et la réminiscence. Dans une série postérieure intitulée Idoles et sacrifices, l'artiste confronte douze images de paysages ensanglantés* avec douze portraits de jeunes gens sous un éclairage jaune et contrasté. La représentation frontale des jeunes éphèbes et le sang traqué en divers sites constituent une association saisissante et porteuse, une imprégnation née d'une dualité...
Faucon décrit cet ensemble comme la fin d'une innocence***, état premier, révolu, où chaque image charriait toutes les autres.
La photographie et la vidéo ne sont pas équivalentes: Il faut accepter la différence des médiums sans omettre les apports probables de la photographie dite plasticienne. Cette dernière institue une temporalité modulée par le regardeur**.
Nous y reviendrons. (EV)
* La paternité de cette expression revient à Dominique Baqué dans la Photographie plasticienne, Editions du Regard, 1998, p. 205.
** comme les narrations graphiques prenant le livre pour support.
*** Ce positionnement a amené ce créateur à cesser ses activités photographiques en 1995.