Ce court-métrage est un film d’amour. Ode explicite au couple, Fuses* (1965) est dépourvu de toute obscénité tant le naturel tantôt allusif, tantôt cru, nous submerge. Les propriétés du support filmique et les injonctions chromatiques formulent les éclats, les fuites et les fatigues de l’amour.
Les manipulations de la pellicule n’impliquent aucun paravent : elles n’atténuent rien, n’insinuent pas un voile pudique entre le couple et le spectateur ; elles confirment cette sensualité ambiante, amplifie cet entremêlement de corps et de paysage.
Les juxtapositions plastiques anticipent d’autres glissements, d’autres frottements. La pellicule , comme érotisée, peau caressée participant aux ébats, impressionne un degré d’intimité rarement montré au cinéma parce qu’il est hymne, qu’il révèle autant qu’il montre.
Carolee Schneeman a conçu un autoportrait à deux, exposé cet éclat narcissique du sentiment amoureux dans lequel chacun, femme ou homme peut s’incarner. Fuses montre aussi une réalité qui est d’abord celle des éléments, de l’eau surtout, puis s’épanouit dans un monde trouble, organique et sain.
* Ce film est réservé à un public averti et adulte. A voir ICI.