28 juillet 2009
Esthétique ou dénonciation du bagne /1/
Cette approche voyeuriste de la douleur et de l’humiliation ne nous est pas étrangère. L’imaginaire cinématographique recèle de ces images-là, et certaines productions spécialisées illustrent de façon plus ou moins aboutie, ces ressorts d’animalité déclenchés par l’enfermement et les entraves physiques et mentales.
Cette familiarité collective, qui la rend presque trop sereine, nous laisse présager un instant complexe à restituer, le choc causé par cette découverte sur le narrateur, l’écart qui s’insinue entre une connaissance lointaine et une approche phénoménologique de ce qui dépasse toute possibilité d’analyse. Tel que le décrit Mirbeau, le bagne est un parc à thèmes avec ses attractions multiples. Cet univers aux confins de l’humain, l’auteur le met en scène avec un brio littéraire, démonstratif, martelant le style. Depuis le début du livre qui discutait tour à tour de thèses sur le meurtre, d’une féminité ambivalente et de la naissance du couple, Mirbeau n’a jamais eu recours à ces accessoires sadiens. (EV)