7 août 2009

Exacerbation du 2

Paradoxalement, l’expression du couple formé par Clara et le narrateur, son harmonie réelle bien que très provisoire m’était plus difficile à envisager que les traits déformés des prisonniers et les cages du bagne. Dans le dernier cas, l’expressivité est constitutive, les références affluent, toutes en relief, caractères et particularité…
Il me fallait donner une nouvel angle consécutif au premier acte qui s’achève, après de multiples travaux d’approche, sur la probabilité de l’union. Il fallait aussi insuffler l’impression d’un ailleurs à la fois raffiné et suranné, ce qui m’a conduit à travailler d’abord en noir et blanc et à concevoir les images comme des photographies peintes à la main, non dans un souci de réalisme ou de prolifération colorée, mais dans le décalage, l’exacerbation du 2*, la bichromie entre les deux amants, entre eux et leur environnement. L’accouplement moite de même que la plus grande conscience de Clara, qui dans cette relation « naturelle », conventionnelle, conserve ses esprits, me semblent tout autant perceptibles, ici, que des formulations explicites… On pourrait aussi opposer cet élan naturel des corps aux contraintes exercées sur les suppliciés et bagnards qui font un tel effet sur l’héroïne. Ce propos résume partiellement les sentiments mirbelliens à l’égard de la féminité. (EV)

* Le prochain message en rendra compte en images.